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qu’importe la condition de l’homme ? « As-tu été appelé esclave, ne t’en soucie pas ; si tu peux te libérer, profites-en… L’esclave est l’affranchi du Seigneur, l’homme libre est l’esclave du Christ… En Christ, il n’y a plus de Grec ni de Juif, d’esclave ni d’homme libre, d’homme ni de femme[1]. » Les mots servus et libertus sont extrêmement rares sur les tombes chrétiennes[2]. L’esclave et l’homme libre sont également servus Dei, comme le soldat est miles Christi. L’esclave, d’un autre côté, se dit hautement l’affranchi de Jésus[3].

Soumission et attachement consciencieux de l’esclave envers le maître, douceur et fraternité de la part du maître à l’égard de l’esclave, à cela se borne, en pratique, la morale du christianisme primitif sur ce point délicat[4]. Le nombre des esclaves et des affranchis était très considérable dans l’Église[5]. Jamais

  1. Voir Saint Paul, p. 257, 436-437. Cf. Pseudo-Ign., ad Polyc., 4 ; Tatien, Adv. Gr., 4, 11 ; Tertullien, De cor., 13 ; De pat., 15 ; Lactance, Instit., V, 15.
  2. Le Blant, Inscr. chrét., I, p. 86, 117 et suiv. ; de Rossi, Bull., 1866, p. 24-25.
  3. Réponse d’Évelpiste, dans les Actes de saint Justin, 4. Comp. Le Blant, Inscr., I, p. 122 et suiv.
  4. Éphes., vi, 5-9 ; Col., iii, 22 ; Tit., ii, 9 ; I Petri, ii, 18 ; l’Égl. chrét., p. 99 ; Barnabé, 19 ; Clém. d’Alex., Pædag., III, ch. xi et xii ; Pseudo-Ign., ad Polyc., 4.
  5. Le Blant, Inscr., I, p. 118 et suiv. ; Tertullien, Apol., 1, 3 ; Ælius Aristide, Opp., II, p. 405 (Dindorf).