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interdit à l’égard des tribunaux. Les chrétiens n’y doivent jamais porter leur procès ; ils doivent s’en tenir à l’arbitrage de leurs pasteurs[1]. L’impossibilité des mariages mixtes[2] achevait d’élever un mur infranchissable entre l’Église et la société. Il était défendu aux fidèles de se promener dans les rues, de se mêler aux conversations publiques ; ils ne devaient se voir qu’entre eux[3]. Même les auberges ne pouvaient être communes, les chrétiens en voyage se rendaient à l’église et y participaient aux agapes, aux distributions des restes des offrandes sacrées[4].

Une foule d’arts et de métiers, dont la profession entraînait des rapports avec l’idolâtrie, étaient interdits aux chrétiens[5]. La sculpture et la peinture, en particulier, devenaient presque sans objet ; on les

  1. I Cor., vi, 1 et suiv. ; Clém. Rom., 48 ; Pseudo-Clém. ad Jac., 10 ; Homil., iii, 67. Voir ci-dessus, p. 97. Cf. Tertullien, De pudic., 2. Il en était de même chez les juifs et même chez les philosophes (Lucien, Eunuch., 1).
  2. I Cor., vii, 39 ; Tertullien, Ad ux., II, 2, 3, 6, 7, 8 ; De monog., 11 ; saint Cyprien, De lapsis, 6 ; concile d’Elvire, ch. xv, xvi. Le judaïsme ne les admit jamais, pas plus que le christianisme. Exode, xxiv, 16 ; Deutér., xxiii, 3 ; Esdras, x, 2, 7, 10 ; Nehem., xiii, 30 ; Talm. de Bab., Aboda zara, 36 b. Voir aussi Maimonide, Unions prohibées, ch. xii ; Eben haézer, I, p. 88 et suiv.
  3. Constit. apost., I, 4 ; II, 62.
  4. Actes coptes dits du concile de Nicée, dans les Arch. des miss., 3e série, t. IV, p. 468 et suiv. (Revillout).
  5. Tertullien, De idol. entier.