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le plus considérable de monuments élevés par les adorateurs de la Grande Déesse et de Mithra[1]. Des familles sénatoriales très respectables y restèrent attachées, bâtirent à leurs frais les antres détruits et, à force de legs et de fondations, essayèrent de donner l’éternité à un culte frappé de mort[2].

Les mystères étaient la forme ordinaire de ces cultes exotiques et la cause principale de leurs succès. L’impression que laissaient les initiations était très profonde, de même que la franc-maçonnerie de nos jours, bien que tout à fait creuse, sert d’aliment à beaucoup d’âmes. C’était une sorte de première communion : un jour, on avait été un être pur, privilégié, présenté au public pieux comme un bienheureux, comme un saint, couronne en tête, cierge à la main. Des spectacles étranges, des apparitions de poupées gigantesques, des alternatives de lumière et de ténèbres, des visions de l’autre vie que l’on croyait

  1. Le Blant, Inscr. chrét., I, p. 497.
  2. De Rossi, Bull., 1865, p. 8 ; 1867, p. 76 ; 1868, 53, 57, 69 ; Henzen, Bull, de corr. arch., 1867, p. 174-176 ; 1868, p. 90-98 ; Revue arch., août 1872, p. 73 ; Himerius, Orat., vii, 2, p. 510, édit. Wernsdorf ; Julien, Orat., iv, p. 201 ; Cæs., p. 432, Hertlein ; Socrate, III, 2 ; Soz., V, 7 ; Philostorge, VII, 2 ; Photius, cod., cclxxxv, p. 483 ; poème découvert par M. Delisle, v. 47 et suiv. ; Mommsen, dans l’Hermes, IV, p. 350 et suiv. ; saint Jérôme, Epist., 57, ad Lætam, col. 591 ; Paulin de Nole, Poema ultimum, ou Adv. pag., v. 110 (édition de Migne, col. 701-702).