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un plagiat satanique[1]. Le mithriacisme avait le baptême[2], l’eucharistie, les agapes[3], la pénitence, les expiations, les onctions. Ses chapelles ressemblaient fort à de petites églises. Il créait un lien de fraternité entre les initiés. Nous l’avons dit vingt fois, c’était là le grand besoin du temps. On voulait des congrégations où l’on pût s’aimer, se soutenir, s’observer les uns les autres, des confréries offrant un champ clos (car l’homme n’est pas parfait) à toute sorte de petites poursuites vaniteuses, au développement inoffensif d’enfantines ambitions de synagogues. À beaucoup d’autres égards, le mithriacisme ressemblait à la franc-maçonnerie. Il y avait des grades, des ordres d’initiation, portant des noms bizarres[4], des épreuves successives, un jeûne de cinquante jours, des terreurs, des flagellations[5]. Une vive piété

  1. Saint Justin, Apol. I, 66 ; Dial., 70, 78 ; Celse, dans Orig., VI, 22 ; Commodien, Instr., l.c. ; Tertullien, De præscr., 40 ; De corona, 15 ; De baptismo, 5 ; saint Augustin, In Joh., tract. vii, 6. Cf. Saint Paul, p. 269 ; l’Égl. chrét., p. 374. Voir Le Blant, Inscr. chrét., II, p. 71-73.
  2. Voir le Mihir yasht, 122, Windischmann.
  3. Revue arch., août 1872, p. 70.
  4. Gruter, p. 27, 1087 ; Orelli-Henzen, 2335, 2340-2356, 584 ; Tertullien, De cor., 15 ; Adv. Marc., I, 13 ; Porphyre, De abstin., IV, 16 ; De antro nymph., 15, 16 ; saint Jérôme, Epist., 57, ad Lætam, Mart., p. 591 ; Suidas, au mot Μίθρας. Voir Bull, de corr. arch., 1868, p. 98.
  5. Lampride, Commode, 9 ; Tertullien, De cor., 15 ; saint