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leste[1], la Bellone asiatique[2], Sabazius[3], Adonis[4], la déesse de Syrie[5] avaient leurs fidèles. Les soldats étaient le véhicule de ces cultes divers, grâce à l’habitude qu’ils avaient d’embrasser successivement les religions[6] des pays où ils passaient. Revenus chez eux, ils consacraient un temple, un autel à leurs souvenirs de garnison. De là ces dédicaces au Jupiter de Baalbek, à celui de Dolica[7], qu’on trouve dans toutes les parties de l’empire.

Un dieu oriental surtout balança un moment la fortune du christianisme, et faillit devenir l’objet d’un de ces cultes à propagande universelle qui s’emparent de parties entières de l’humanité. Mitra est, dans la mythologie aryenne primitive, un des noms du soleil[8]. Ce nom devint, chez les Perses des temps

  1. Mommsen, Inscr. R. N., no 4608.
  2. Sénèque, De vita beata, 27.
  3. Val. Max., I, iii, 2 ; Orelli, no 1259 ; Μουσεῖον τῆς εὐαγγ. σχολῆς, p. 164 et suiv. (Smyrne, 1880.)
  4. Ovide, De arte am., I, 75.
  5. Suét., Néron, 56.
  6. Religio : Apulée, Métam., XI, 25 ; Orelli, 2338, 2339 ; Mommsen, Inscr. R. N., 2556.
  7. Corpus inscr, lat., III, 1614 ; Orelli, 1232-1235.
  8. J. Darmesteter, Ormazd et Ahriman, p. 62 et suiv. ; le même, the Zend-Avesta, I, p. lx et suiv. ; A. Maury, Croy. et lég., p. 159 et suiv. ; Max Müller, Relig. de l’Inde, p. 237 et suiv. (trad. Darmesteter).