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dévotes à Isis et à Sérapis[1] ; les temples d’Isis passaient pour des lieux de rendez-vous amoureux[2]. Les idoles de ces sortes de chapelles étaient parées comme des madones[3]. Les femmes avaient une part au ministère ; elles portaient des titres sacrés[4]. Tout inspirait la dévotion et contribuait à l’excitation des sens : pleurs, chants passionnés, danses au son de la flûte, représentations commémoratives de la mort et de la résurrection d’un dieu[5]. La discipline morale, sans être sérieuse, en avait les apparences. Il y avait des jeûnes, des austérités, des jours de continence. Ovide et Tibulle se plaignent du tort que ces féries font à leurs plaisirs, d’un ton qui montre bien que la déesse ne demandait à ces belles dévotes que des mortifications bien limitées.

Une foule d’autres dieux étaient accueillis sans opposition, avec bienveillance même[6]. La Junon cé-

    Fastes, IV, 309 ; Juvénal, vi, 523 ; Strabon, VII, iii, 4 ; Plutarque, Præc. conjug., 19.

  1. Catulle, x, 26 ; Tibulle, I, iii, 23.
  2. Ovide, De arte am., I, 78 ; Juvénal, vi, 489.
  3. Mommsen, Inscr. regni Neapol., no 5354 ; Corpus inscr. lat., II, 3386.
  4. Orelli-Henzen, no 1491, 6385 ; Mommsen, Inscr. regni Neap., 1398, 1399.
  5. Schol. sur Juv., viii, 29.
  6. Lucien, Conc. deorum, 1, 9, 10 ; Jupiter trag., 8 ; Maxime de Madaure, dans saint Augustin, Ép., I, 16.