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lieu le salut ; on souhaitait le bonsoir à la déesse ; on lui baisait les pieds. Il y avait des pompes bizarres, des processions burlesques dans les rues[1], où les confrères portaient leurs dieux sur leurs épaules[2]. D’autres fois, ils mendiaient en un accoutrement exotique, qui faisait rire les vrais Romains[3]. Cela ressemblait assez aux confréries de pénitents des pays méridionaux. Les isiastes avaient la tête rasée ; ils étaient vêtus d’une tunique de lin, où ils voulaient être ensevelis[4]. Il s’y joignait des miracles en petit comité, des sermons, des prises d’habit[5], des prières ardentes, des baptêmes, des confessions, des pénitences sanglantes[6]. Après l’initiation, on éprouvait une vive dévotion, comme celle du moyen âge envers la Vierge ; on ressentait une volupté rien qu’à voir l’image de la déesse[7]. Les purifications, les expiations tenaient l’âme en éveil. Il s’établissait surtout entre les comparses de ces pieuses comédies un senti-

  1. Apulée, Mét., XI, 8.
  2. Lampride, Comm., 19.
  3. Val. Max., VII, iii, 8 (Rom.).
  4. Plut. (ut fertur), De Is. et Os., 3 et suiv. ; Artémidore, Onirocritique, I, 23.
  5. Apulée, Métam., XI, 15, 25.
  6. Ovide, Pont., I, i, 51 ; Apulée, Mét., XI, 23 ; Juvénal, vi, 523 ; Sénèque, De vita beata, 27 ; Lampride, Commode, 9.
  7. Apulée, Mét., XI, 24, 25. Una quæ es omnia, dea Isis, Orelli 1871.