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remporta ainsi par ses pédagogues et ses professeurs[1]. La philosophie prenait de plus en plus le caractère d’une religion ; elle avait ses prédicateurs, ses missionnaires[2], ses directeurs de conscience, ses casuistes[3]. Les grands personnages entretenaient auprès d’eux un philosophe familier, qui était en même temps leur ami intime[4], leur moniteur, le gardien de leur âme[5]. De là une profession qui avait ses épines et pour laquelle la première condition était un extérieur vénérable, une belle barbe, une façon de porter le manteau avec dignité[6]. Rubellius Plautus eut, dit-on, près de lui « deux docteurs en sagesse »,

    Notez surtout la colère de Juvénal contre les Grecs qui écrasent la littérature latine et font de Rome « une ville grecque », où les Romains meurent de faim. (Sat., iii, etc.)

  1. Voyez Lucien, Nigrinus, 12 et suiv.
  2. Voir surtout Dion Chrysostome, Orat., i, xxxii.
  3. Aulu-Gelle, XII, 1 ; XIII, 22 ; XIV, 2 ; Épict., Diss., III, 3.
  4. Henzen, Inscr., no 5600. Lire le petit traité de Lucien, De mercede conductis.
  5. Sénèque, Epist., lii, xciv ; Perse, Sat., v ; Aulu-Gelle, I, 26 ; VII, 13 ; X, 19 ; XII, 1 ; XVII, 8 ; XVIII, 10 ; XX, 4 ; Lucien, De mercede cond., 19.
  6. Lucien, traité cité, 25. La profession de philosophe domestique baissa beaucoup avec le temps. Dans la mosaïque de Pompeianus, trouvée à Atménia, dans la province de Constantine, mosaïque qui est du temps d’Honorius, le philosophe n’a guère d’autre fonction que de tenir le parasol de sa maîtresse et de promener le petit chien (publication de la Société archéologique de Constantine : filoso filolocus, lisez filosofi locus).