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pait autour d’eux ; leurs fidèles devenaient vite confrères et amis, tandis qu’on ne se groupait guère, au moins par le cœur, autour des dieux officiels[1]. En religion, il n’y a que les sectes peu nombreuses qui réussissent à fonder quelque chose.

Il est si doux de s’envisager comme une petite aristocratie de la vérité, de croire que l’on possède, avec un groupe de privilégiés, le trésor du bien ! L’orgueil y trouve sa part ; le juif, le métuali de Syrie, humiliés, honnis de tous, sont au fond impertinents, dédaigneux ; aucun affront ne les atteint ; ils sont si fiers entre eux d’être le peuple d’élite ! De nos jours, telle misérable association de spirites donne plus de consolation à ses membres que la saine philosophie ; une foule de gens trouvent le bonheur dans ces chimères, y attachent leur vie morale. À son jour, l’abracadabra a procuré des jouissances religieuses, et, avec un peu de bonne volonté, on y a pu trouver une sublime théologie.

Le culte d’Isis eut ses entrées régulières en

  1. Le paganisme, tel que le présente, sous Constantin, Firmicus Maternus, est bien plus la religion d’Isis, de Mithra, de la Vierge Céleste que le vieux culte grec ou romain. Voir le poème à la suite de Prudence, découvert par M. Delisle. Bibl. de l’éc. des chartes, 6e série, t. III, p. 297 et suiv. Cf. Bullettino de Rossi, 1868, p. 49 et suiv. ; Revue archéol., juin 1868 (Ch. Morel), p. 451 et suiv. ; Hermès, t. IV (Mommsen), p. 350 et suiv.