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quelque sorte le dernier effort du paganisme expirant contre le mérite chaque jour plus triomphant du sang de Jésus.

On avait pu espérer un moment que les confréries de cultores deorum donneraient au peuple l’aliment religieux dont il avait besoin[1]. Le iie siècle vit leur éclat[2] et leur décadence. Le caractère religieux s’y effaça peu à peu. Dans certains pays, elles perdirent même leur destination funéraire et devinrent des tontines, des caisses d’assurance et de retraite[3], des associations de secours mutuels[4]. Seuls, les collèges voués au culte des dieux orientaux (pastophores, isiastes, dendrophores, religieux de la Grande Mère) conservèrent des dévots. Il est clair que ces dieux parlaient beaucoup plus au sentiment religieux que les dieux grecs et italiotes. On se grou-

    no 10, p. 153 ; no 11, p. 167 et suiv. ; Spon, Ant. de Lyon, réimpr., p. 31, 352 et suiv. ; de Boissieu, Inscr. de Lyon, p. 21 et suiv.

  1. Voir les Apôtres, p. 351 et suiv. On a trop nié le caractère primitivement religieux de ces confréries. Foucart, Des associations religieuses chez les Grecs (Paris, 1873). La vérité a été bien vue par M. Boissier (Rev. archéol., févr. 1872, p. 81 et suiv.).
  2. Les inscriptions concernant ces confréries datent du règne de Nerva.
  3. L. Renier, Inscriptions romaines de l’Algérie, 70 ; Boissier, l. c., p. 91 et suiv.
  4. Mém. de l’Acad. des inscr., savants étrangers, t. VIII, 2e part., p. 184 et suiv.