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introduit dans la religion un changement des plus considérables en relevant et en réglant le culte des dieux Lares[1], surtout des Lares de carrefour, et en permettant d’adjoindre aux deux Lares consacrés par l’usage un troisième Lare, le Génie de l’empereur. Les Lares gagnèrent à cette association l’épithète d’augustes (Lares augusti) et, comme les dieux locaux durent pour la plupart leur maintien légal à leur titre de Lares, presque tous furent aussi qualifiés d’augustes (numina augusta)[2]. Autour de ce culte complexe, un clergé se forma, composé du flamine, sorte d’archevêque représentant l’État, et des sévirs augustaux, corporations d’ouvriers et de petits bourgeois, particulièrement attachées aux Lares ou divinités locales. Mais le Génie de l’empereur écrasa naturellement ses voisins ; la vraie religion de l’État fut le culte de Rome, de l’empereur[3] et de l’administration[4]. Les Lares restèrent de très

  1. Suétone, Aug., 31 ; L. Renier, dans les Comptes rendus de l’Acad. des inscr., 1872, p. 410 et suiv., 419, 455 ; Allmer, Revue épigr., no 4, p. 56-57.
  2. Camulus Augustus, Borvo Augustus, etc. Sanctitati Jovis et Augusti. Allmer, Revue épigr., no 9, p. 135 ; cf. no 10, p. 153 et suiv.
  3. Comptes rendus de l’Acad. des inscr., 1872, p. 462, 463.
  4. Il y eut jusqu’à un Génie des contributions indirectes. Inscr. dans le Bull, de l’Inst. archéol. de Rome, 1868, p. 8 et 9 ;