Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/573

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à-dire dire orner la perfection même, et l’on ne veut voir qu’une affaire de chiffons dans l’essai de collaborer à la plus belle œuvre de Dieu, à la beauté de la femme ! La toilette de la femme, avec tous ses raffinements, est du grand art à sa manière. Les siècles et les pays qui savent y réussir sont les grands siècles, les grands pays, et le christianisme montra, par l’exclusion dont il frappa ce genre de recherches, que l’idéal social qu’il concevait ne deviendrait le cadre d’une société complète que bien plus tard, quand la révolte des gens du monde aurait brisé le joug étroit imposé primitivement à la secte par un piétisme exalté.

C’était, à vrai dire, tout ce qui peut s’appeler luxe et vie mondaine qui se voyait frappé d’interdiction[1]. Les spectacles étaient tenus pour abominables, non seulement les spectacles sanglants de l’amphithéâtre, que tous les honnêtes gens détestaient, mais encore les spectacles plus innocents, les scurrilités. Tout théâtre, par cela seul que des hommes et des femmes s’y rassemblent pour voir et être vus, est un lieu dangereux[2]. L’horreur pour les thermes, les gymnases, les bains, les xystes, n’était pas moindre, à

  1. Clém. d’Alex., Pædag., III, ch. xi.
  2. Minucius Félix, 37 ; Clém. d’Alex., l. c., p. 109 ; Tertullien, De spectaculis, entier.