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à la façon de l’Orient[1], ne devînt universel pour les femmes jeunes ou non mariées. Les montanistes regardèrent cet usage comme obligatoire ; s’il ne prévalut pas, ce fut par suite de l’opposition que provoquèrent les excès des sectaires phrygiens ou africains, et surtout par l’influence des pays grecs et latins, qui n’avaient pas besoin, pour fonder une vraie réforme des mœurs, de ce hideux signe de débilité physique et morale.

La parure, du moins, fut tout à fait interdite[2]. La beauté est une tentation de Satan ; pourquoi ajouter à la tentation ? L’usage des bijoux, du fard, de la teinture des cheveux, des vêtements transparents fut une offense à la pudeur[3]. Les faux cheveux sont un péché plus grave encore ; ils égarent la bénédiction du prêtre, qui, tombant sur des cheveux morts, détachés d’une autre tête, ne sait où se poser[4]. Les arrangements même les plus modestes de la chevelure furent tenus pour dangereux ; saint Jérôme, partant

  1. Clém. d’Alex., l. c., p. 110 : ἡ γυνὴ κεκαλύφθω τὰ πάντα… πρὸς τῶν ὀμμάτων τὴν αἰδῶ καὶ τὴν ἀμπεχόνην θεμένη.
  2. Se rappeler I Petri, iii, 3 ; Tim., ii, 8-10 ; Testament des douze patriarches, Ruben, 3, 4, 5.
  3. Tertullien, les deux traités De cultu feminarum ; Clém. d’Alex., Pædag., III, ch. xi, p. 106, 107 ; saint Cyprien, De lapsis, 6.
  4. Clém. d’Alex., Pædag., III, ch. xi, p. 106.