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mariages précoces, et même voulurent que les pasteurs eussent l’œil ouvert sur les vieillards, qu’il importait de soustraire au danger de l’adultère[1]. Tout d’abord, cependant, le christianisme versa dans le sens de Ben Azaï. Jésus, quoique ayant vécu plus de trente ans, ne s’était pas marié. L’attente d’une fin prochaine du monde rendait inutile le souci de la génération et l’idée s’établit qu’on n’est parfait chrétien que par la virginité[2]. « Les patriarches eurent raison de veiller à la multiplication de leur postérité ; le monde alors était jeune ; maintenant, au contraire, toutes choses déclinent et tendent vers leur fin[3]. » Les sectes gnostiques et manichéennes n’étaient que conséquentes en interdisant le mariage et en blâmant l’acte générateur[4]. L’Église orthodoxe, toujours moyenne, évita cet excès[5] ; mais la continence, même la chasteté dans le mariage[6], furent recommandées ; une honte excessive s’attacha à l’exé-

  1. Epist. Clem. ad Jac., 7 ; Constit. apost., IV, 11 ; Épiph., Hær., xxx, 18.
  2. Grég. de Tours, I, 42 ; IX, 33 ; Socrate, IV, 23 ; Sozom., I, 14 ; Actes des martyrs, Le Blant, Comptes rendus de l’Acad. des sc. mor. et pol., 1879, 1er semestre, p. 388 et suiv.
  3. Tertullien, Ad ux., I, 5 ; le même, De exhort. cast., 5-6 ; Eusèbe, Démonstr. évang., I, 9.
  4. I Tim., iv, 13 ; Irénée, I, xxviii, 1.
  5. Concile de Gangres.
  6. Tertullien, Ad ux., I, 5, 6 ; Clém. d’Alex., Strom., VI, 12.