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les thérapeutes[1], se rapprochait, sans s’en douter, des idées qui, chez les anciens peuples aryens, présentent la vierge comme un être sacré. La synagogue a toujours tenu le mariage pour obligatoire[2] ; à ses yeux, le célibataire est coupable d’homicide ; il n’est pas de la race d’Adam, car l’homme n’est complet que quand il est uni à la femme[3] ; le mariage ne doit pas être différé au-delà de dix-huit ans[4]. On ne faisait d’exception que pour celui qui se livre à l’étude de la Loi et qui craint que la nécessité de subvenir aux besoins d’une famille ne le détourne du travail. « Que ceux qui ne sont pas comme moi absorbés par la Loi peuplent la terre »[5], disait Rabbi ben Azaï.

Les sectes chrétiennes qui restèrent rapprochées du judaïsme conseillèrent, comme la synagogue, les

  1. Matth., xix, 10-11 ; I Cor., vii ; Apoc., xiv, 4 ; Eusèbe, H. E., II, xvii, 18, 19 ; VI, v, 1 ; xli, 18 ; De mart. Pal., V, 3 ; VII, 1 ; IX, 6.
  2. Hors les cas assez rares de virginité religieuse, les maximes d’État de Rome étaient aussi très contraires au célibat. Varron dans saint Augustin, De civ. Dei, XIX, i, 2 ; Val. Max., II, ix, 1.
  3. Talm, de Bab., Iebamoth, fol. 62 b et suiv. ; Eben ha-ezer, ch. i, art. 1 (Sautayra et Charleville, p. 39-40) ; Schuhl, Sentences, nos 823-825.
  4. Mischna, traité Aboth, v, 21. Cf. Syncelle, Chronogr., p. 84 (Paris, 1652).
  5. Talm. de Bab., Iebamoth, 63 b.