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combes, au contraire, sont des peintres du genre pompéien, convertis pour des motifs parfaitement étrangers à l’art, et qui appliquent leur savoir-faire à ce que comportent les lieux austères qu’ils décorent.

L’histoire évangélique ne fut traitée par les premiers peintres chrétiens que partiellement et tardivement. C’est ici surtout que l’origine gnostique de ces images se voit avec évidence. La vie de Jésus que présentent les anciennes peintures chrétiennes est exactement celle que se figuraient les gnostiques et les docètes, c’est-à-dire que la Passion n’y figure pas. Du prétoire à la résurrection, tous les détails sont supprimés[1], le Christ, dans cet ordre d’idées, n’ayant pas pu souffrir en réalité[2]. On se débarrassait ainsi de l’ignominie de la croix, grand scandale pour les païens. À cette époque, ce sont les païens qui montrent par dérision le dieu des chrétiens comme crucifié ; les chrétiens s’en défendent presque[3]. En représentant un crucifix, on eût craint de provoquer les blasphèmes des ennemis et de paraître abonder dans leur sens.

L’art chrétien était né hérétique ; il en garda longtemps la trace[4] ; l’iconographie chrétienne se

  1. Le Blant, Sarcoph. d’Arles, p. 18 ; Journ. des sav., octobre 1879, p. 636.
  2. Voir les Évangiles, p. 421-422.
  3. Minucius Félix, 9, 29.
  4. Pour la statue de l’hémorroïsse, qui paraît avoir été une