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son couloir souterrain et s’y enferma. La séparation des morts devint de droit commun. On fut classé par religion dans le tombeau ; demeurer après sa mort avec ses confrères[1] devint un besoin. Jusque-là, la sépulture avait été une affaire individuelle ou de famille ; maintenant, elle devient une affaire religieuse, collective ; elle suppose une communauté d’opinions sur les choses divines. Ce n’est pas une des moindres difficultés que le christianisme léguera à l’avenir.

Par son origine première, le christianisme était aussi contraire aux développements des arts plastiques que l’a été l’islam. Si le christianisme fût resté juif, l’architecture seule s’y fût développée, ainsi que cela est arrivé chez les musulmans ; l’église eût été, comme la mosquée, une grande maison de prière, voilà tout. Mais les religions sont ce que les font les races qui les adoptent. Transporté chez des peuples amis de l’art, le christianisme devint une religion aussi artistique qu’il l’eût été peu s’il fût resté entre les mains des judéo-chrétiens. Aussi sont-ce des hérétiques qui fondent l’art chrétien. Nous avons vu les gnostiques entrer dans cette voie avec une

  1. Ad religionem pertinentes meam. De Rossi, Bull., 1865, p. 54, 94-95 (cf. ibid., août 1864, schola sodalium Serrensium) ; Roma sotterr., I, p. 101 et suiv. ; Revue arch., avril, 1866, p. 225 et suiv., 239-240. Comparez le Collège des pæanistes, près Sainte-Agnès.