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C’est ce qu’on appelait des cimetières ou « dortoirs[1] » ; car on se figurait que les morts y dormaient en attendant le jour de la résurrection. Plusieurs martyrs y furent enterrés. Dès lors, le respect qui s’attachait aux corps des martyrs s’appliqua aux lieux mêmes où ils étaient déposés. Les catacombes furent bientôt des lieux saints. L’organisation du service des sépultures est complète sous Alexandre Sévère. Vers le temps de Fabien et de Corneille ce service est une des principales préoccupations de la piété romaine[2]. Une femme dévouée nommée Lucine dépense autour des tombes saintes sa fortune et son activité[3]. Reposer auprès des martyrs ad sanctos, ad martyres[4], fut une faveur. On vint annuellement célébrer les mystères sur ces tombeaux sacrés. De là des cubicula, ou chambres sépulcrales, qui, agrandies, devinrent des églises souterraines, où l’on se réunit en temps de persécution. Au dehors, on ajouta quelquefois des scholae servant de triclinium pour les agapes[5]. Des assem-

  1. Κοιμητήριον. Ce mot s’applique aussi à une tombe isolée. Voir de Rossi, Roma sott., III, p. 427 et suiv.
  2. G. Boucher, Cycl., p. 271 ; Baronius, année 245, § 2.
  3. Voir l’Antechrist, p. 4-5.
  4. Le Blant, Inscr., I, no 41 ; Marchi, Monum., p. 150 ; saint Augustin, De cura pro mort. ger., c. vii (5) ; saint Grégoire de Nazianze, etc.
  5. Hypogée de Domitille.