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cimetières juifs et mithriaques[1]. On croyait que les corps des apôtres Pierre et Paul avaient séjourné en cet endroit, et c’était pour cela qu’on l’appelait Catatumbas, « aux Tombes[2] ».

Vers le temps de Marc-Aurèle, un changement grave se produisit. La question qui préoccupe les grandes villes modernes se posa impérieusement. Autant le système de la crémation ménageait l’espace consacré aux morts, autant l’inhumation à la façon juive, chrétienne, mithriaque, immobilisait de surface. Il fallait être assez riche pour s’acheter, de son vivant, un loculus dans le terrain le plus cher du monde, à la porte de Rome. Quand de grandes masses de population d’une certaine aisance voulurent être enterrées de la sorte, il fallut descendre sous terre. On creusa d’abord à une certaine pro-

  1. Les inscriptions chrétiennes des catacombes ne remontent qu’au commencement du iiie siècle. Les inscriptions plus anciennes qu’on y rencontre ne sont pas chrétiennes ; elles ont été apportées dans les catacombes au ive siècle, avec tant d’autres matériaux étrangers pour le scellage des loculi. L’inscription censée de 71 (no 1 de Rossi) est d’un christianisme douteux. Le no 2 ne compte pas. Le no 3 n’a pas appartenu d’abord aux catacombes. De là, on saute à l’an 204, et il s’en faut encore que l’on soit sur un terrain sûr. En somme, l’intérêt des catacombes se rapporte surtout au iiie siècle. On peut faire une exception pour la catacombe de Domitilla (de Rossi, Bull., 1865, p. 33 et suiv., 189 et suiv.) ; mais le caractère primitif de ce monument est très incertain.
  2. Voir l’Antéchrist, p. 192, 193, note.