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voilà ce qu’il avait remarqué dans Antonin[1] et la règle qu’il observa lui-même. Il allait écouter, dans leurs écoles, Apollonius, Sextus de Chéronée, et ne se fâchait pas qu’on rît de lui[2]. Comme Antonin, il avait la bonté de supporter les rebuffades de gens vaniteux et mal élevés, que ces honneurs, exagérés peut-être, rendaient impertinents[3]. Alexandrie le vit marcher dans ses rues sans cour, sans garde, vêtu du manteau des philosophes et vivant comme l’un d’eux[4]. À Athènes, il institua des chaires pour toutes les sciences[5], avec de forts traitements[6], et il sut donner à ce qu’on peut appeler l’université de cette ville un éclat supérieur encore à celui qu’elle tenait d’Adrien[7].

Il était naturel que les représentants de ce qu’il y avait encore de ferme, de dur et de fort dans l’ancien esprit romain éprouvassent quelque impatience

  1. Pensées, I, 16.
  2. Capitolin, Ant. Pius, 3 ; Philostr., Soph., II, i, 21 ; Dion Cassius, LXXI, 1.
  3. Capitolin, Ant. Pius, 10 ; Philostr., Soph., II, 9.
  4. Capitolin, Ant. Phil., 26.
  5. Dion Cassius, LXXI, 31.
  6. Dix mille drachmes, c’est-à-dire environ dix mille francs. Dion Cassius, LXXI, 31, note de Sturz. Comp. Suétone, Vesp., 18 ; Capitolin, Pius, 11 ; Lampride, Alex. Sev., 44.
  7. Ælius Aristide, Orat., ix, Opp., III, p. 110, 111, Dindorf ; Philostrate, Soph., Vies d’Hérode Atticus (II, i), d’Adrien de Tyr (II, x). Cf. II, xi, 2. Alexandre Péloplaton, en y mettant le pied, s’écriait : « Ici, fléchissons le genou ! » Philostr., Soph., II, v, 3.