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servaient furent les premières l’objet d’une certaine attention[1]. L’adoration de la croix était un respect plutôt qu’un culte[2] ; la symbolique restait d’une extrême simplicité[3]. La palme, la colombe avec le rameau, le poisson, l’ΙΧΘΥΣ, l’ancre, le phénix, l’ΑΩ, le T désignant la croix[4], et peut-être déjà le chrisimon pour désigner le Christ[5] ; telles étaient presque les seules images allégoriques reçues. La croix elle-même n’était jamais représentée, ni dans les églises, ni dans les maisons ; au contraire, le signe de la croix, fait en portant la main au front, était fréquemment répété ; mais il se peut que cet usage fût particulièrement cher aux montanistes[6].

Le culte du cœur, en revanche, était le plus développé qui fut jamais. Quoique la liberté des charismes primitifs eût déjà été bien réduite par l’épi-

  1. Voir Saint Paul, p. 266.
  2. Min. Félix, 9, 29 ; Tert., Adv. Marc., III, 18 ; Clém. d’Alex., Strom., VI, 11 (τὸ κυριακὸν σημεῖον) ; voir l’Égl. chrét., p. 377.
  3. Clém. d’Alex., Pædag., III, xi, 59 ; de Rossi, Roma sott., II, p. 308 et suiv. Pour l’ΙΧΘΥΣ, voir l’Église chrétienne, p. 535, et ci-dessus, p. 297.
  4. Epist. Barn., 9 ; Clém. d’Alex., Strom., VI, 11.
  5. De Rossi, De christ, tit. carth., p. 26 et suiv. (Spic. sol., t. IV) ; Le Blant, Magie, p. 17, note 1 ; Zeitschrift für K. G., IV (1880), p. 194 et suiv.
  6. Tertullien, De corona, 3 ; Ad uxorem, II, 5. Cf. l’Égl. chrét., p. 525.