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plicité des mœurs chrétiennes, on adorait presque leurs os[1]. À l’anniversaire de leur mort, on se rendait à leur tombeau ; on lisait le récit de leur martyre ; on célébrait le mystère eucharistique en souvenir d’eux[2]. C’était l’extension de la commémoration des défunts, pieuse coutume qui tenait une grande place dans la vie chrétienne. Peu s’en fallait qu’on ne dît déjà la messe pour les morts. Le jour de leur anniversaire, on faisait l’offrande pour eux, comme s’ils vivaient encore ; on mêlait leur nom aux prières qui précédaient la consécration ; on mangeait le pain en communion avec eux[3]. Le culte des saints, par lequel le paganisme se refit sa place dans l’Église, les prières pour les morts, source des plus grands abus du moyen âge, tenaient ainsi à ce qu’il y eut dans le christianisme primitif de plus élevé et de plus pur.

Le chant ecclésiastique exista de très bonne heure et fut une des expressions de la conscience chrétienne[4]. Il s’appliquait à des hymnes, dont la com-

  1. Lucien, Peregr., 12, 13, 16 ; Le Blant, Mém. de l’Acad. des inscr., t. XXVIII, 2e partie, p. 75 ; Eusèbe, H. E., VII, xi, 24 ; xxii, 9.
  2. Cypr., Epist., 37.
  3. Tertullien, De cor., 3 : « Oblationes pro defunctis, pro natalitiis annua die facimus » ; Exh. cast., 11 ; De monog., 10 ; S. Cypr., Epist., 37 ; de Rossi, Roma sott., III, p. 495 et suiv.
  4. Pline, X, 97 ; Justin, Apol. I, 13 ; Caïus, dans Eus.,