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quotidien », devoir communier tous les jours. On emportait, pour cela, le dimanche, un morceau de pain bénit, que l’on mangeait chez soi en famille, après la prière du matin[1].

On se plut, à l’imitation des mystères, à entourer cet acte suprême d’un profond secret[2]. Des précautions étaient prises pour que les initiés seuls fussent présents dans l’église au moment où il se célébrait. Ce fut presque l’unique faute que commit l’Église naissante ; on crut, parce qu’elle recherchait l’ombre, qu’elle en avait besoin, et cela, joint à bien d’autres indices, fournit des apparences à l’accusation de magie[3]. Le baiser sacré[4] était aussi une grande source d’édification et de dangers. Les sages docteurs recommandaient de ne pas s’y prendre à deux fois, de ne pas ouvrir les lèvres[5]. On ne tarda pas, du reste, à supprimer le danger en introduisant dans l’église la séparation des deux sexes[6].

  1. Saint Cyprien, De orat., ch. xviii. Le reste de cet usage se voit dans le pain bénit de nos églises.
  2. Const. apost., II, 57.
  3. Minucius Félix, 8, 9 ; Tertullien, Ad ux., II, 4, 5 ; Le Blant, Accus. de magie, p. 16-17.
  4. Voir Saint Paul, p. 262-263.
  5. Athénagore, Leg., 32 ; Clém. d’Alex., Pædag., III, xi, vers la fin, p. 110-111.
  6. Constit. apost., II, 57 ; VIII, 11.