Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/537

Cette page a été validée par deux contributeurs.

se séparent pleins d’édification pour plusieurs jours.

Cette réunion du dimanche était en quelque sorte le nœud de toute la vie chrétienne. Ce pain sacré était le lien universel de l’Église de Jésus. On l’envoyait aux absents à domicile, aux confesseurs en prison, et d’une Église à l’autre, surtout vers le temps de Pâques[1] ; on le donnait aux enfants[2] ; c’était le grand signe de la communion et de la fraternité. L’agape, ou repas du soir en commun, non distingué d’abord de la cène, s’en séparait de plus en plus et dégénérait en abus[3]. La cène, au contraire, devenait essentiellement un office du matin[4]. La distribution du pain et du vin se faisait par les anciens et par les diacres. Les fidèles les recevaient debout. Dans certains pays, surtout en Afrique, on croyait, à cause de la prière : « Donne-nous aujourd’hui notre pain

  1. Justin, Apol. I, 65 ; Actes de sainte Perpétue, 1re vis. ; lettre d’Irénée à Victor, ci-dessus, p. 203 ; Tertullien, Ad ux., II, 4, 5 ; fait de Tarsicius, carmen xviii de saint Damase. Cet usage fut interdit par le concile de Laodicée, canon 14.
  2. Saint Cyprien, De lapsis, 25.
  3. Saint Paul, p. 226 et suiv. ; de Rossi, Roma sott., III p. 500 et suiv. Comp. Tertullien, Apol., 39, et De jej., 17 (sed majoris est agape, quia per hanc adolescentes tui cum sororibus dormiunt) ; Clém. d’Alex., Pædag., II, 1 ; Carm. sib., VIII, 498 ; Eusèbe, Orat. Const., 12.
  4. Pline, Epist., X, 97 ; saint Cyprien, Epist., 63, § 15 et 16. L’Église grecque a conservé l’usage de la messe avant le lever du soleil.