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ceux qui en mangent ou en boivent participent de Jésus, devint l’élément générateur de tout un culte. L’ecclesia ou l’assemblée en fut la base. Jamais le christianisme ne sortit de là. L’ecclesia, ayant pour objet central la communion ou eucharistie, devint la messe ; or la messe a toujours réduit le reste du culte chrétien au rang d’accessoire et de pratique secondaire.

On était loin, vers le temps de Marc-Aurèle, de la réunion chrétienne primitive, pendant laquelle deux ou trois prophètes, souvent des femmes, tombaient en extase, parlant en même temps et se demandant les uns aux autres, après l’accès, quelles merveilles ils avaient dites. Cela ne se voyait plus que chez les montanistes. Dans l’immense majorité des Églises, les anciens et l’évêque président l’assemblée, règlent les lectures, parlent seuls. Les femmes sont assises à part, silencieuses et voilées. L’ordre règne partout, grâce à un nombre considérable d’employés secondaires, ayant des fonctions distinctes[1]. Peu à peu le siège de l’épiscopos et les sièges des presbyteri constituent un hémicycle central, un chœur. L’eucharistie exige une table, devant laquelle le célébrant prononce les prières et les paroles mystérieuses. Bientôt on établit un ambon pour les lectures et les sermons, puis un

  1. Constit. apost., VIII, ch. xi, Tertullien, Præscr., 41.