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être entendue au sens propre, elle serait inférieure aux lois des Romains, des Athéniens, des Spartiates[1]. Saint Paul eût presque dénié le titre de chrétien à un Clément d’Alexandrie, sauvant le monde par une gnosis où ne joue presque aucun rôle le sang de Jésus-Christ.

La même réflexion peut être appliquée aux écrits que nous ont laissés ces âges antiques. Ils sont plats, simples, grossiers, naïfs, analogues aux lettres sans orthographe que s’écrivent de nos jours les sectaires communistes les plus dédaignés. Jacques, Jude, rappellent Cabet ou Babick, tel fanatique de 1848 ou de 1871, convaincu, mais ne sachant pas sa langue, exprimant à bâtons rompus, d’une façon touchante, sa naïve aspiration à la conscience. Et pourtant, ce sont ces bégaiements de gens du peuple qui sont devenus la seconde Bible du genre humain. Le tapissier Paul écrivait le grec aussi mal que Babick le français[2]. Le rhéteur, dominé par la considération littéraire, pour qui la littérature française commence

  1. Origène, In Levit., hom. vii, 5 : « Erubesco confiteri quia tales leges dederit Deus. » Cf. De princ., 17 ; In Matth., tom. XIV, 23 ; In Epist. ad Rom., ii, 9 et suiv. Voir aussi saint Jean Chrys., Adv. jud., vii, 4.
  2. Voir, dans un journal de la Commune, la Nation souveraine (vers le 25 avril 1871), une lettre de Babick, qui me rappela beaucoup, quand je la lus, les Épîtres chrétiennes primitives.