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chies de l’histoire, presque tous ceux qui, en France, ont émis des vues sur les origines du christianisme, n’ont considéré que le iiie et le ive siècle, les siècles des hommes célèbres et des conciles œcuméniques, des symboles et des règles de foi. Clément d’Alexandrie et Origène, le concile de Nicée et saint Athanase, voilà, pour eux, les sommets et les hautes figures. Nous ne nions l’importance d’aucune époque de l’histoire ; mais ce ne sont pas là des origines. Le christianisme était entièrement fait avant Origène et le concile de Nicée. Et qui l’a fait ? Une multitude de grands anonymes, des groupes inconscients, des écrivains sans nom ou pseudonymes. L’auteur inconnu des épîtres censées de Paul à Tite et à Timothée a plus contribué que n’importe quel concile à la constitution de la discipline ecclésiastique. Les auteurs obscurs des Évangiles ont apparemment plus d’importance réelle que leurs commentateurs les plus célèbres. Et Jésus ? On avouera, j’espère, qu’il y a eu quelque cause pour laquelle ses disciples l’aimèrent jusqu’au point de le croire ressuscité et de voir en lui l’accomplissement de l’idéal messianique, l’être surhumain destiné à présider au renouvellement complet du ciel et de la terre.

Le fait, en pareille matière, est le signe du droit ; le succès est le grand criterium. En religion et en