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la majorité de l’Église de Rome jusqu’au pape Zéphyrin (vers l’an 200). Ce qui manque en cet âge de liberté sans frein, c’est ce qu’apporteront plus tard les conciles et les docteurs : savoir, la discipline, la règle, l’élimination des contradictoires. Jésus est déjà Dieu, et cependant plusieurs répugnent à l’appeler de ce nom. La séparation d’avec le judaïsme est accomplie, et pourtant beaucoup de chrétiens pratiquent encore tout le judaïsme[1]. Le dimanche a remplacé le samedi[2], ce qui n’empêche pas que certains fidèles observent le sabbat. La pâque chrétienne est distinguée de la pâque juive ; et cependant des Églises entières suivent toujours l’ancien usage. Dans la cène, la plupart se servent de pain ordinaire ; plusieurs, néanmoins, surtout en Asie Mineure, n’emploient que l’azyme. La Bible et les écrits du Nouveau Testament sont la base de l’enseignement ecclésiastique, et, en même temps, une foule d’autres livres sont adoptés par les uns, rejetés par les autres[3]. Les quatre Évan-

  1. Ebert, sur Commodien, dans les Abhandl. der Sächs. Ges. der Wiss., V, phil.-hist. Classe, p. 393, 414, 415 ; Constit. apost., V, 12 ; Jean Chrysost., Adv. judæos, i, 1, 3, 5, 7 ; ii, 1, 2 ; iii, 1, 3 ; iv, 1 ; vii, 6.
  2. Pseudo-Ign., Ad Magn., 8, 9.
  3. Comp. Tertullien, Irénée, le Canon dit de Muratori, en ce qui touche le Pasteur, les épîtres de Clément, les épîtres de Pierre, l’Apocalypse de Pierre.