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prend de plus en plus le dessus. Cependant plusieurs chrétiens s’en tiennent encore à la conception beaucoup plus simple de l’Ecclesia de Matthieu, où tous les membres sont égaux. — Dans la fixation des livres canoniques, l’accord règne sur les grands textes fondamentaux ; mais une liste exacte des écrits de la Bible nouvelle n’existe pas, et les bords, si l’on peut s’exprimer ainsi, de cette nouvelle littérature sacrée sont tout à fait indécis.

La doctrine chrétienne est donc déjà un tout si compact, que rien d’essentiel ne s’y joindra plus, et qu’aucun retranchement considérable ne sera plus possible. Jusqu’à Mahomet, et même après lui, il y aura en Syrie des judéo-chrétiens, des elkasaïtes, des ébionites. Outre ces minîm ou nazaréens de Syrie, que les érudits d’entre les Pères[1] furent seuls à connaître, et qui ne cessaient pas encore au ive siècle de maudire saint Paul[2] en leurs synagogues[3] et de traiter les chrétiens ordinaires de faux juifs[4], l’Orient n’a jamais

  1. Saint Jérôme et saint Épiphane. Notez surtout la discussion de saint Jérôme et de saint Augustin. Martianay, t. IV, 2e part., col. 602 et suiv. ; Vallarsi, t. I, col. 723 et suiv. Saint Augustin, bien moins versé que saint Jérôme dans l’histoire de l’Église, ignore l’existence de ces chrétientés judéo-chrétiennes d’Orient.
  2. Saint Jérôme, In Matth., xii, init.
  3. Épiph., xxx, 18 ; saint Jér. Epist., lxxiv, col. 623, IV, 2e part., Mart. (cxii, 13, t. I, col. 740, Vallarsi).
  4. Carm. sib., VII, 132 et suiv.