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des abus. De toutes les parties du monde, le bon Marc-Aurèle faisait venir les philosophes en renom[1]. Parmi les orgueilleux mendiants, vêtus de souquenilles trouées, que ce large appel mit en mouvement, il y avait plus d’un homme médiocre, plus d’un charlatan[2]. Ce qui implique une profession extérieure[3] provoque toujours la comparaison entre les mœurs réelles et celles que l’habit suppose[4]. On accusait ces parvenus d’avidité, d’avarice, de gourmandise, d’impertinence, de rancune[5]. On souriait parfois des faiblesses que pouvait abriter leur manteau.

  1. Alexandre Péloplaton : Philostr., Soph., II, v, 3 ; Adrien de Tyr : Philostr., Soph., II, x, 7 et suiv. ; Lucius : Philostr., Soph., II, i, 21.
  2. Aulu-Gelle, IX, 2. Lucien est presque aussi opposé aux philosophes de profession qu’aux charlatans et aux illuminés de toute espèce. Voir surtout l’Icaroménippe, l’Eunuque, la Mort de Peregrinus, les Philosophes à l’encan, le Pêcheur, les Lapithes, les Fugitifs, 3, 12.
  3. Professioni suæ etiam moribus respondens. Corresp. de Pline et Traj., no lviii (lxvi). Cf. Digeste, L, xiii, 4.
  4. Tac., Ann., XVI, 32 ; Juvénal, ii, 1 et suiv. ; iii, 115 et suiv. ; Martial, ix, 47 ; xi, 56 ; Quintilien, Inst., proœm., 2 ; XII, ii, 1 ; iii. Dion Chrys., Orat., lxxii, 383, 388, Reiske ; Aulu-Gelle, VII, 10 ; XV, 2 ; XVII, 19 ; Épictète, Dissert., IV, viii, 9.
  5. Capitolin, Ant. Pius, 3 ; Tatien, Adv. Gr., 19, 25 ; Appien, Bell. Mithrid., c. 28 ; Lucien, Parasitus, 52 ; Piscator, 34, 37 ; Ælius Aristide, Or., xlvi, Opp., II, 398, Dindorf. Comp. Lucien, Nigrinus, 25 ; Hermotime, 16, 19 ; Lapith., 34 ; Fugitifs, 18 ; Dial. meretr., x, 1 ; Ulpien, Dig., L, xiii, 1 ; Sénèque, Lettres, xxix, 5.