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d’accorder la sécurité aux chrétiens, Alexandre introduit Jésus dans son laraire, par un éclectisme touchant. La paix semble faite, non comme sous Constantin, par l’abaissement d’un des partis, mais par une large réconciliation[1].

Il y avait certes, dans tout cela, une audacieuse tentative de réforme, rationnellement inférieure à celle des Antonins, mais plus capable de réussir ; car elle était bien plus populaire, elle tenait plus de compte de la province et de l’Orient. En une telle œuvre démocratique, des gens sans ancêtres comme ces Africains et ces Syriens avaient plus de chance de succès que des gens raides et d’une tenue irréprochable, tels que les empereurs aristocrates. Mais le vice profond du système impérial se révéla pour la dixième fois. Alexandre Sévère fut assassiné par

    ne dit pas que Mammée se soit faite chrétienne. Orose, Cedrenus, le Syncelle, Vincent de Lérins, Aboulfaradj ne savent rien de plus qu’Eusèbe ; mais ils faussent son texte et l’exagèrent. Les monnaies au type de Mammée sont toutes païennes. De Witte, Du christ, de quelques imp., p. 7.

  1. Lampride, Alex.-Sev., 22, 28, 29 ; Eusèbe, H. E., VI, ch. xxviii. Voir la série des bustes d’empereurs au Musée du Capitole. Notez l’air doux et borné d’Alexandre-Sévère et des Julies ; une première impression du christianisme est déjà sensible. Sur Torpacion et les chrétiens de l’entourage des Sévères, voir Tert., Ad Scap., 4, et les faits groupés par M. de Ceuleneer, Mémoires couronnés de l’Acad. de Bruxelles, t. XLIII (1880), p. 201 et suiv.