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tions de la haute noblesse romaine, il se trouva des provinciaux, des Orientaux, des Syriens, pour relever la grande association où tous trouvaient paix et profit. Septime-Sévère refit sans élévation morale, mais non sans gloire, ce qu’avait fait Vespasien.

Certes, les hommes de cette dynastie nouvelle ne sont pas comparables aux grands empereurs du iie siècle. Même Alexandre-Sévère, qui égale Antonin et Marc en bonté, leur est bien inférieur en intelligence, en noblesse. Le principe du gouvernement est détestable ; c’est la surenchère de complaisance envers les légions, la révolte mise à prix ; on ne s’adresse au soldat que la bourse au poing. Le despotisme militaire ne revêtit jamais de forme plus éhontée ; mais le despotisme militaire peut avoir la vie longue. À côté de spectacles hideux, sous ces empereurs syriens qu’on dédaigne, que de réformes ! Quel progrès dans la législation ! Quel jour que celui (sous Caracalla) où tout homme libre, habitant de l’empire, arrive à l’égalité des droits[1] ! Il ne faut pas s’exagérer les avantages qu’offrait alors cette égalité ; les mots, cependant, ne sont jamais tout à fait vides en politique. On héritait de choses excellentes. Les philosophes de l’école de Marc-Aurèle avaient dis-

  1. Dion Cassius, LXXVII, 9 ; saint Aug., De civ. Dei, V, 17 ; Ulpien, Digeste, I, v, 17.