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de la mort de Marc-Aurèle, si lugubre pour la philosophie et la civilisation, fut pour le christianisme un beau jour. Commode, ayant pris à tâche de faire en tout le contraire de ce qu’il avait vu, se montra bien moins défavorable au christianisme que son illustre père. Marc-Aurèle est le Romain accompli, avec ses traditions et ses préjugés. Commode n’a pas de race. Il aimait les cultes égyptiens ; lui-même, la tête rasée, présidait aux processions, portait l’Anubis, accomplissait toutes les cérémonies où se plaisaient les femmelettes. Il se fit représenter en cette attitude dans les mosaïques des portiques circulaires de ses jardins[1]. Il avait des chrétiens dans sa domesticité. Sa maîtresse Marcia était presque chrétienne et se servit du crédit que lui donnait l’amour pour soulager le sort des confesseurs condamnés aux mines en Sardaigne[2]. Le martyre des Scillitains qui eut lieu le 17 juillet 180, quatre mois par conséquent après l’avènement de Commode[3], fut sans doute la conséquence d’ordres donnés avant la mort de Marc et que le nouveau gouvernement n’avait pas encore eu le temps de retirer. Le nombre des victimes sous Commode paraît avoir été moins

  1. Spartien, Pescennius Niger, 6.
  2. Voir ci-dessus, p. 55. note 2 ; 287-288.
  3. Voir ci-dessus, p. 457.