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soldats. Vienne sur le Danube était, à ce qu’il semble, le quartier général de l’armée[1]. Une maladie contagieuse régnait dans le pays, depuis plusieurs années[2], et décimait les légions.

Le 10 mars 180, l’empereur tomba malade[3]. Il salua sur-le-champ la mort comme la bienvenue, s’abstint de toute nourriture et de toute boisson, ne parla et n’agit plus désormais que comme du bord de la tombe. Ayant fait venir Commode, il le supplia d’achever la guerre pour ne point paraître trahir l’État par un départ précipité. Le sixième jour de sa maladie, il appela ses amis et leur parla sur le ton qui lui était habituel, c’est-à-dire avec une légère ironie, de l’absolue vanité des choses et du peu de cas qu’il faut faire de la mort. Ils versaient d’abondantes larmes : « Pourquoi pleurer sur moi ? leur dit-il. Songez à sauver l’armée. Je ne fais que vous précéder ; adieu ! » On voulut savoir à qui il recommandait son fils : « À vous, dit-il, s’il en est

  1. Selon Tertullien (Apol., 25), Marc-Aurèle mourut à Sirmium. Philostrate, Soph., II, 1, 26, l’appuierait ; mais Aurelius Victor (Cæs., 16 ; Epit., 16) l’emporte.
  2. Orelli-Henzen, no 5489.
  3. Capitolin, 28 ; Dion Cassius, LXXI, 33, 34 ; Hérodien, I, ii, 3 et suiv. ; Aurelius Victor, l. c. ; Tertullien, Apol., 25 ; Théophile d’Antioche, III, 27, 28. Malgré l’assertion positive de Dion, il n’est pas probable que Commode ait en rien contribué à la mort de son père.