père le fit imperator, consul, auguste. Ce fut sûrement une imprudence ; mais on était lié par les actes antérieurs ; Commode, d’ailleurs, se contenait encore. Vers la fin de la vie de Marc-Aurèle le mal se décela tout à fait ; à chaque page des derniers livres des Pensées, nous voyons la trace des souffrances intérieures du père excellent, de l’empereur accompli, qui voit un monstre grandir à côté de lui, prêt à lui succéder, et décidé à prendre en toute chose par antipathie le contre-pied de ce qu’il avait vu faire aux gens de bien.
La pensée de déshériter Commode dut sans doute venir alors plus d’une fois à Marc-Aurèle. Mais il était trop tard. Après l’avoir associé à l’empire, après l’avoir proclamé tant de fois parfait et accompli devant les légions, venir à la face du monde le déclarer indigne était un scandale. Marc-Aurèle fut pris par ses propres phrases, par ce style d’une bienveillance convenue qui lui était trop habituel. Et, après tout, Commode avait dix-sept ans ; qui pouvait être sûr qu’il ne s’améliorerait pas[1] ? Même après la mort de Marc-Aurèle, on put l’espérer. Commode montra d’abord l’intention de suivre les conseils des personnes de mérite dont son père l’avait entouré[2].