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voir. Ils ont, grâce aux dieux, la couleur de la santé et une bonne façon de crier. L’un d’eux tenait un morceau de pain blanc, comme un enfant royal ; l’autre, un morceau de pain de ménage, en vrai fils de philosophe. Leur petite voix m’a paru si douce et si gentille, que j’ai cru reconnaître dans leur babil le son clair et charmant de ta parole[1]. » Ces sentiments étaient alors ceux de tout le monde. En 166, c’est Lucius Verus lui-même qui demande que les deux fils de Marc, Commode et Annius Verus, soient faits césars. En 172, Commode partage avec son père le titre de Germanique. Après la répression de la révolte d’Avidius, le Sénat, pour reconnaître en quelque sorte le désintéressement de famille qu’avait montré Marc-Aurèle, demande par acclamation l’empire et la puissance tribunitienne pour Commode[2]. Déjà le mauvais naturel de ce dernier s’était trahi par plus d’un indice, connu de ses pédagogues[3] ; mais comment préjuger sur quelques mauvaises notes l’avenir d’un enfant de douze ans ? En 176-177, son

  1. Front. et M.-Aur., Epistolæ, p. 151-152 (Maï). Comp. ibid., p. 136, où Fronton revient sur la ressemblance des enfants avec leur père.
  2. Vulcatius, Vie d’Avid., 13 : « Commodo imperium justum rogamus. Progeniem tuam robora. Fac securi sint liberi nostri. Commodo Antonino tribunitiam potestatem rogamus. »
  3. Lampride, Commode, 1.