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au spectacle le moins qu’il pouvait et uniquement par complaisance. Il affectait, pendant la représentation, de lire, de donner des audiences, de signer des expéditions, sans se mettre en peine des railleries du public. Un jour, un lion, qu’un esclave avait dressé à dévorer des hommes, fit tant d’honneur à son maître, que de tous les côtés on demanda pour celui-ci l’affranchissement. L’empereur, qui, pendant ce temps, avait détourné la tête, répondit avec humeur : « Cet homme n’a rien fait de digne de la liberté. » Il porta plusieurs édits pour empêcher les manumissions précipitées, prononcées sous le coup des applaudissements populaires, qui lui semblaient une prime décernée à la cruauté[1].

  1. Capitolin, 4, 11, 12, 15, 23 ; Dion Cassius, LXXI, 29 ; Hérodien, V, ii, 4 ; Digeste, XL, ix, 17, proœm. ; Code Just., VII, xi, 3.