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pour pères[1]. » Demain Ulpien dira : « Par droit naturel, tous les hommes naissent libres et égaux[2]. »

Marc-Aurèle aurait voulu supprimer les scènes hideuses qui faisaient des amphithéâtres de vrais lieux d’horreur pour quiconque avait le sens moral[3]. Il n’y put réussir ; ces représentations abominables étaient une partie de la vie du peuple. Quand Marc-Aurèle arma les gladiateurs pour la grande guerre germanique, il y eut presque une émeute : « Il veut nous enlever nos amusements, cria la foule, pour nous contraindre à philosopher[4]. » Les habitués de l’amphithéâtre étaient les seules personnes qui ne l’aimassent point[5]. Obligé de céder à une opinion plus forte que lui, Marc-Aurèle protestait du moins de toutes les manières. Il apporta des tempéraments au mal qu’il ne pouvait supprimer ; on étendit des matelas sous les funambules, on ne put se battre qu’avec des armes mouchetées. L’empereur venait

    dit d’être de deux collèges à la fois. Dig., XLVII, xxii, 1. Comp. Gruter, cccxxii, 4 ; Murat., dxvi, 1 ; Orelli, 4080. Voir les Apôtres, p. 355 et suiv.

  1. Sénèque, Epist. xliv. Cf. epist. lvii.
  2. Digeste, I, i, 4 ; L, xvii, 32.
  3. Voir les Apôtres, p. 320 et suiv. Julien essaya la même réforme, sans mieux réussir. Misopogon, p. 340, Spanh.
  4. Capitolin, Ant. le Phil., 23 ; Dion Cassius, LXXI, 29.
  5. Nisi a voluptariis unice amabatur. Vulcat. Gall., Avidius Cassius, 7.