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surtout cette lettre prétendue de Jésus-Christ à Abgar, dont Édesse devait être si fière plus tard[1].

Ainsi fut fondée, à côté de la littérature latine des Églises d’Afrique, une nouvelle branche de littérature chrétienne : la littérature syriaque. Deux causes la créèrent, le génie de Bardesane et le besoin de posséder une version araméenne des livres saints. L’écriture araméenne était depuis longtemps employée dans ces contrées, mais n’avait pas encore servi à fixer un vrai travail littéraire. Des judéo-chrétiens posèrent la base d’une littérature araméenne en traduisant l’Ancien Testament en syriaque[2]. Puis vint la traduction des écrits du Nouveau ; puis on composa des récits apocryphes. Cette Église syrienne, destinée plus tard à un vaste développement, paraît avoir

  1. V. l’Antechrist, p. 64-65. Ajoutez G. Phillips, the Doctrine of Addaï. Londres, 1876 (voy. Revue crit., 6 janv. 1877, p. 5-7 ; 6 déc. 1880, p. 447-449 ; Zeitschrift für K. G., II, p. 92-94, 194-195) ; Lipsius, ouvrage cité. Comp. la Διδαχὴ Ἀδδαίου dans Lagarde, Rel. jur. eccl. ant., p. 89 et suiv. ; Tischendorf, Acta apost. apocr., p. 261 et suiv. ; saint Éphrem, Carmina Nisibena, p. 138 (trad. Bickell). La légende de Bérénice (la Véronique ; comparez la Πετρονίκη des fables édessiennes, et Nicéphore, II, 7) est aussi rapportée à Édesse (Macarius Magnes, dans Pitra, Spic. Sol., I, p. 332-333), et il y a peut-être un rapport entre la statue de l’hémorrhoïsse et le portrait du Christ que prétendait posséder la ville sainte de Syrie.
  2. L’Église chrétienne, p. 287-288 ; Nœldeke, Litt. Centralblatt, 20 nov. 1875.