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tianisme du temps de Bardesane, et, d’accord avec ce grand homme[1], fit une rude guerre aux coutumes païennes, surtout à la pratique de l’émasculation, vice profondément enraciné dans les cultes syriens. Ceux qui continuèrent à honorer Targatha de cette étrange manière eurent la main coupée[2]. Bardesane, pour combattre la théorie des climats, fait remarquer que les chrétiens répandus en Parthie, en Médie, à Hatra et dans les pays les plus reculés, ne se conforment nullement aux lois de ces pays[3]. Le premier exemple d’un royaume chrétien, avec une dynastie chrétienne, fut donné par Édesse. Cet état de choses, qui fit beaucoup de mécontents, surtout parmi les grands, fut renversé en 216 par Caracalla[4] ; mais la foi chrétienne n’en souffrit guère. Dès lors, furent probablement composées les pièces apocryphes destinées à prouver la sainteté de la ville d’Édesse, et

  1. Cet Abgar Manou paraît aussi avoir été en rapports avec Jules Africain. Fragments des Κεστοί dans Thévenot, Mathem. vet., p. 300-301 ; Gutschmid, l. c.
  2. De fato, dans Eus., Præp., VI, ch. x, p. 279, plus explicite dans Cureton, p. 31-32 ; Eus. (d’après Jules Africain), Chron., année de Macrin ; Épiphane, hær. lvi, 1.
  3. Dans Eus., l. c., p. 279-280 ; Cureton, p. 32-33. L’énumération diffère dans le syriaque, dans Eusèbe et dans le latin de Recognitiones ; il est clair, du reste, qu’il ne faut pas la prendre trop à la rigueur.
  4. Dion Cassius, LXXVII, 5, 12 ; Spartien, Carac., 7.