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dernes. Mais il résulta de là une autre conséquence ; c’est que les textes fondamentaux de la littérature latine chrétienne furent écrits dans une langue que les lettrés d’Italie trouvèrent barbare et corrompue, ce qui plus tard donna occasion de la part des rhéteurs à des objections et à des épigrammes sans fin[1].

De Carthage, le christianisme rayonna puissamment en Numidie et en Mauritanie[2]. Cirta produisait les adversaires et les défenseurs les plus ardents de la foi en Jésus[3]. Une ville perdue au fond de la province d’Afrique, Scillium[4], à cinquante lieues de Carthage, fournit, quelques mois après la mort de Marc-Aurèle, un groupe de douze martyrs, conduits par un certain Speratus, qui montra une fermeté inébranlable, tint tête au proconsul et ouvrit glorieusement la série des martyrs africains[5].

  1. Arnobe, Adv. gentes, I, 45, 58, 59.
  2. Origène, In Luc., hom. vi, p. 939, Delarue.
  3. Voir l’Égl. chrét., p. 493, et ci-dessus, p. 390 et suiv.
  4. Voir Guérin, Voy. en Tunisie, I, p. 308 et suiv. Notez, dans l’inscription p. 302, le nom de Speratæ.
  5. M. Usener (op. cit.) a démontré ce qu’avait déjà bien entrevu M. Léon Renier (Œuvres de Borghesi, t. VIII, p. 615), savoir que les Actes des martyrs scillitains sont de l’an 180. Ruinart, Acta sinc., p. 84 et suiv. ; Tillemont, Mém., III, p. 131 et suiv., 638 et suiv. Le texte grec, publié par M. Usener, me paraît l’original. Voir page précédente, note 1.