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valu, on l’écrit souvent en caractères grecs ; des mots grecs prononcés à la façon iotaciste, qui était celle du peuple en Orient[1], restent comme des marques d’origine[2]. Un seul pays avait réellement une Église parlant latin, c’était l’Afrique[3]. Nous avons vu Minucius Félix ouvrir la littérature latine chrétienne par un chef-d’œuvre[4]. Tertullien, dans vingt ans[5], après avoir hésité entre la langue grecque et la langue latine pour la composition de ses

  1. Kyrie eleïson imas, ischyros, athanatos, etc., office du vendredi saint.
  2. Voir Caspari, Quellen zur Gesch. des Taufsymbols und der Glaubensregel, t. III (Christiania, 1875), p. 267-466.
  3. Dans les écoles de Carthage, on enseignait surtout le grec. Apulée, né à Madaure, et qui avait fait ses études à Carthage et à Athènes, ne savait pas encore le latin quand il vint à Rome. Métam., l. I, ch i. Voir aussi son Apologie, 98.
  4. Selon certains, l’écrit dont nous possédons un fragment connu sous le nom de Canon de Muratori aurait été écrit primitivement en latin. Il nous paraît probable que l’original était grec. En effet, cet original fut essentiellement un ouvrage romain, écrit à Rome vers 180. Or, à Rome, à cette époque, les chrétiens écrivaient en grec. Les africanismes du texte, s’il y en a, s’expliqueraient par la supposition que le morceau fut traduit en Afrique, peu après sa composition.
  5. L’Apologétique, le premier ouvrage de Tertullien, est de l’an 197, 198 ou 199. Voir Bonwetsch, Die Schriften Tertullians, nach der Zeit ihrer Abfassung (Bonn, 1878) ; cf. Zeitschrift für K. G., II (1878), p. 572 et suiv. ; Keim, Aus dem Urchristenthum, p. 194-198 (Zurch, 1878) ; Aubé, Revue hist., t. XI (1879), p. 272 et suiv.