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Lyon, de Vienne. Origène dit que la vertu du nom de Jésus-Christ a passé les mers pour aller chercher les Bretons dans un autre monde[1].

La condition des croyants était, en général, fort humble[2]. À part quelques exceptions, toutes sujettes au doute, on ne vit aucune grande famille romaine passer au christianisme, avec ses esclaves et sa clientèle, avant Commode[3]. Un homme du monde, un chevalier, un fonctionnaire se heurtaient dans l’Église à des impossibilités. Les riches y étaient comme hors de leur élément. La vie en commun avec des gens qui n’avaient ni leur fortune ni leur rang social était pleine de difficultés, et les relations de société se trouvaient pour eux à peu près interdites[4]. Les mariages surtout présentaient d’énormes difficultés ; beaucoup de chrétiennes épousaient des païens plutôt que de se résigner à un mari pauvre[5]. De ce que l’on trouve dans les cimetières chrétiens de l’époque de Marc-Aurèle et des Sévères les noms des Cornelii, des Pomponii, des Cæcilii[6], il est

  1. In Lucam, homel. vi, p. 939, édit. Delarue (t. III).
  2. Origène, Contre Celse, III, 48-50.
  3. Eusèbe, H. E., V, xxi, 1.
  4. Voir l’Église chrétienne, p. 393 et suiv., et ci-dessus, p. 99 et suiv.
  5. Tertullien, Ad ux., II, 8. Cf. Philos., IX, 11.
  6. De Rossi, Bull., 1866, p. 24. Voir, Le Blant, Inscr. chr.