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ces textes furent plus tard le code du monde entier. Or ces textes sont l’œuvre des légistes éminents qui, groupés autour d’Adrien, d’Antonin, de Marc-Aurèle, font entrer définitivement le droit dans son âge philosophique. Le travail se continue sous les empereurs syriens ; l’affreuse décadence politique du iiie siècle n’empêche pas ce vaste édifice de continuer sa lente et belle croissance.

Ce n’est pas que Marc-Aurèle affichât l’esprit novateur. Au contraire, il s’arrangeait de manière à donner à ses améliorations une apparence conservatrice[1]. Toujours il traita l’homme en être moral ; jamais il n’affecta, comme le font souvent les politiques prétendus transcendants, de le prendre comme une machine ou un moyen. S’il ne put changer l’atroce code pénal du temps, il l’adoucit dans l’application[2]. Un fonds fut établi pour les obsèques des citoyens pauvres ; les collèges funéraires furent autorisés à recevoir des legs et devinrent des personnes civiles, ayant le droit de posséder des propriétés, des esclaves, d’affranchir[3]. Sénèque avait dit : « Tous les hommes, si on remonte à l’origine, ont les dieux

  1. Capitolin, 11.
  2. Ibid., 12, 24 ; Digeste, I, xviii, 14 ; XL, v, 37 ; XLVIII, xviii, 1, § 27.
  3. Digeste, XXXIV, v, 20 ; XL, iii, 1. Seulement il était inter-