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Tertullien nous dit : Fiunt non nascuntur christiani[1], il nous indique par cela même que la génération chrétienne antérieure avait compté peu d’âmes. L’Église de Rome, en 251, possède quarante-six prêtres, sept diacres, sept sous-diacres, quarante-deux acolytes, cinquante-deux exorcistes, lecteurs et portiers ; elle nourrit plus de quinze cents veuves ou indigents[2], ce qui ferait supposer environ trente ou quarante mille fidèles[3]. À Carthage, vers l’an 212, les chrétiens sont le dixième de la population[4]. Toute la partie grecque de l’empire comptait des chrétientés florissantes ; il n’y avait pas une ville quelque peu importante qui n’eût son Église et son évêque. En Italie, il y avait plus de soixante évêques ; même des petites villes presque inconnues en avaient[5].

  1. Apol., 18.
  2. Lettre du pape Corneille à Fabius d’Antioche, dans Eusèbe VI, xliii, 11-12.
  3. Μετὰ μεγίστου καὶ ἀναριθμήτου λαοῦ. Saint Corneille, l. c. Saint Jean Chrysostome (In Matth., homil. lxvi (al. lxvii), t. VII, p. 658, Montf.) dit que l’Église d’Antioche nourrissait plus de trois mille veuves ou vierges, sans compter toutes les autres personnes qui avaient besoin d’être assistées. La population chrétienne d’Antioche était alors la moitié de la population totale de la ville (Adv. Jud., i, 5), c’est-à-dire d’environ cent mille âmes (voir les Apôtres, p. 215-216). Les rapprochements tirés des statistiques de nos jours ont ici peu de valeur.
  4. Tertullien, Ad Scap., 5.
  5. Eusèbe, VI, xliii, § 2 ; Corneille, ibid., § 8. « Évêque », en