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villes de Phrygie[1], les chrétiens devaient former la majorité de la population. Depuis le règne de Septime Sévère, Apamée de Phrygie prend sur ses monnaies un emblème biblique, l’arche de Noé, par allusion à son nom de Kibotos[2]. Dans le Pont, on vit, dès le milieu du iiie siècle, des villes détruire leurs anciens temples et se convertir en masse[3]. Toute la région voisine de la Propontide participait au mouvement. La Grèce proprement dite, au contraire, s’attardait à ses vieux cultes, qu’elle ne devait abandonner qu’en plein moyen âge et presque à contrecœur[4].

En Syrie, vers 240, Origène trouve que, par rapport à l’ensemble de la population, les chrétiens sont « très peu nombreux[5] », à peu près ce qu’on dirait des protestants ou des israélites à Paris. Quand

  1. Voir Saint Paul, ch. xiii. Notez l’inscription Θεῷ ὁσίῳ καὶ δικαίῳ, Θεῷ ὑψίστῳ, dans Μουσεῖον τῆς εὑαγγ. σχολῆς, 1880, p. 161, 169 (Smyrne).
  2. Eckhel, 1re part., vol. III, p. 130 et suiv. L’explication d’Eckhel a définitivement prévalu et est tenue aujourd’hui pour certaine. Voir De Witte, Ch. Lenormant, dans les Mélanges des PP. Cahier et Martin, t. III, p. 169 et suiv., 199 et suiv.
  3. Grég. de Nysse, Vie de Grég. Thaumat., dans le t. III de ses Œuvres, Paris, 1638.
  4. Sathas, Docum. relat. à l’hist. de la Gr. au moyen âge, 1re série, t. I, p. xi et suiv.
  5. Πάνυ ὀλίγοι. Orig., Adv. Cels., VIII, 69. Ailleurs, Adv. Cels., I, 26, il dit οὐκ ὀλίγοι.