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cution des dernières années de Marc-Aurèle lui aurait donné l’idée d’adresser une apologie à cet empereur[1]. Peut-être fut-il en rapport avec Caracalla ou Héliogabale, qu’il est très facile de confondre dans les textes avec Marc-Aurèle[2]. Il semble qu’il composa un dialogue entre lui-même et un certain Apollonius, censé ami de l’empereur[3], où celui-ci l’engageait à renier le nom de chrétien. Bardesane répondait courageusement, comme Démétrius le Cynique : « L’obéissance aux ordres de l’empereur ne me débarrasserait pas de la nécessité de mourir[4]. »

Bardesane laissa un fils, nommé Harmonius, qu’il envoya faire ses études à Athènes, et qui continua l’école, en la faisant pencher encore davantage du côté

    suiv., 416 ; Journ. of the R. As. Soc., t. XIX (1862), p. 280 et suiv. Ce que notre Bardesane dit de l’Inde dans le De fato n’est pas assez caractérisé pour qu’on suppose qu’il a puisé à des renseignements originaux. Le Bardesane historien syrien d’Arménie, dont parle Moïse de Khorène (II, 66), me paraît aussi un autre personnage (peut-être identique au Bardesane de Babylone), que Moïse, avec son manque de critique habituel, aura pris pour l’hérésiarque. Le nom de Bardesane était très commun à Édesse, à cause de la rivière Daïsan, qui entoure la ville. On connaît encore un personnage de ce nom (Κεστοί de Jules Africain, dans les Vet. Mathem., Paris, 1693, p. 300).

  1. Eusèbe, IV, xxx, 2. Comp. Moïse de Khorène, II, 66.
  2. Voir ci-dessus, p. 440-441, note 3.
  3. Apollonius de Chalcis (?).
  4. Épiph., lvi, 1.