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admettait l’existence d’esprits sidéraux résidant dans les sept planètes, surtout dans le soleil et la lune, dont l’union mensuelle conserve le monde en lui donnant de nouvelles forces[1].

Ce que Bardesane fut sans contestation, c’est le créateur de la littérature syriaque chrétienne. Le syriaque était sa langue ; quoiqu’il sût le grec, il n’écrivait pas en cet idiome. Le travail nécessaire pour assouplir l’idiome araméen à l’expression d’idées philosophiques lui appartient tout entier. Ses ouvrages, du reste, étaient traduits en grec par ses disciples sous ses yeux. Lié avec la famille royale d’Édesse, ayant été, à ce qu’il semble, élevé en la compagnie d’Abgar VIII bar Manou, qui fut un fervent chrétien, il contribua puissamment à extirper les coutumes païennes, et eut un rôle social et littéraire des plus importants. La poésie avait toujours manqué à la Syrie ; les anciens idiomes araméens n’avaient connu que le vieux parallélisme sémitique et n’en avaient pas su tirer grand-chose. Bardesane composa, à l’imitation de Valentin[2], cent cinquante hymnes, dont le rythme cadencé, en partie imité de la Grèce, ravit

  1. Saint Éphrem, Œuvres, II, Hymnes, liii, p. 553 f ; lv, p. 558 e, f.
  2. Tertullien, De carne Christi, 20 ; cf. Canon de Muratori, lignes 82 et suiv.