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d’un pareil écrit, nous devions encore nous demander ce que Bardesane pensa sur la question de l’influence des astres dans les actes de l’homme et dans les événements de l’histoire. Le dialogue s’exprime sur ce point avec toute la netteté que l’on peut désirer[1]. Cependant saint Éphrem[2], Diodore d’Antioche[3], combattent Bardesane comme ayant versé dans l’erreur de ses maîtres de Chaldée. Par moments, son école apparaît comme une école profane d’astronomie autant que de théologie. On y prétendait fixer par des calculs la durée du monde à six mille ans[4]. On

    sée britannique, est peut-être une précaution pour dissimuler le nom mal famé de Bardesane. C’est à tort qu’Eusèbe dit que l’ouvrage était adressé πρὸς Ἀντωνῖνον, ce dont saint Jérôme a fait Marco Antonino. Le texte conservé de l’ouvrage ne porte rien de semblable. Épiphane a πρὸς Ἀϐειδὰν τὸν ἀστρονόμον, ce qui est exact. ΑΣΤΡΟΝΟΜΟΝ a pu devenir ΑΝΤΡΩΝΕΙΝΟΝ, par des confusions de lettres. Il est peu vraisemblable qu’un dialogue écrit en syriaque ait été adressé à un empereur romain. L’hypothèse de Avida = Avitus (nom d’Héliogabale) est absolument inadmissible.

  1. Comparez la doctrine du Dialogue à celle de saint Éphrem, Hymnes, iv, p. 445-447 ; v, p. 449 a ; vi, p. 453 f ; viii, p. 458 a ; ix entier.
  2. Hymnes, vi, p. 452 f ; viii, p. 457 f.
  3. Photius, cod. ccxxiii. Il paraît que l’ouvrage de Diodore existe complet en syriaque. W. Smith, Dict. of greek and roman biography, I, p. 1015.
  4. Cureton, p. 40 ; saint Éphrem, Hymnes, i, 439 e ; li, p. 550 c, d ; liii, 553 f ; Journ. asiat., avril 1852, p. 298-299 ; Land, Anecd. syr., p. 32 ; Hilgenfeld, Bardesanes, p. 54 et suiv.