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Bardesane est un certain Aoueid[1], entiché des erreurs de l’astrologie. L’auteur oppose à ces erreurs un raisonnement vraiment scientifique : « Si l’homme est dominé par les milieux et les circonstances, comment se fait-il que le même pays voie se produire des développements humains tout à fait différents ? Si l’homme est dominé par la race, comment se fait-il qu’une nation, changeant de religion, par exemple se faisant chrétienne, devient toute différente de ce qu’elle était ? » Les détails intéressants que l’auteur donne sur les mœurs de pays inconnus piquèrent la curiosité. Le dernier rédacteur du roman des Reconnaissances[2], puis Eusèbe, puis saint Césaire en firent leur profit[3]. Il est singulier qu’étant en possession

    que les Entretiens d’Épictète, recueillis par Arrien, sont cités comme un ouvrage d’Épictète. D’autres fois, pourtant, on considérait les Dialogues comme des « livres de ses disciples ». Cf. Philoxène de Maboug, dans Cureton, p. v.

  1. Pour ce nom arabe, voir Wetzstein, Inschr. in Trach. und Hauran, au mot Ἀουεῖδος ; Acta S. Barsimæi, init, Mœsinger.
  2. L’hypothèse inverse est impossible. Des traits d’actualité précise, comme ce qui est relatif à la conquête romaine et à la conversion du Manou au christianisme (p. 30, 31, 32, Cureton), manquent dans les Reconnaissances.
  3. Outre ces citations, nous possédons le texte complet de l’ouvrage en syriaque (Cureton, Spicil. syr., p. 1 et suiv.). On ne saurait affirmer que ce syriaque soit l’original de Bardesane ; c’est peut-être une traduction refaite sur le grec. Le titre, Livre des lois des pays, que porte l’ouvrage dans le manuscrit du Mu-